Vous avez peut-être remarqué récemment une augmentation du nombre de personnes dans votre entourage - amis, connaissances ou collègues - qui démissionnent de leur travail en raison de conditions de travail insatisfaisantes ou d'une envie soudaine de changement.
Vous n'êtes pas seul à constater cette tendance, il s’agit d’un vrai phénomène appelé la grande démission ou "The Big Quit", car premièrement observé aux États-Unis lors de la pandémie du Covid-19.
Il s'agit d'un nombre record de personnes qui ont quitté leur emploi, car elles ont réalisé que l'équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle était primordial.
En effet, après une longue période de travail à domicile sans trajet, de nombreuses personnes ont pris conscience qu'elles ne voulaient plus sacrifier leur temps personnel pour leur travail.
Les employés ont commencé à rechercher des emplois offrant un meilleur équilibre travail-vie personnelle, ou à changer de carrière pour une vie plus épanouissante.
Aux États-Unis où le mouvement a commencé, 48 millions de personnes ont démissionné de leur travail en 2021, soit un sixième de la population active américaine.
La génération Gen Z a été la plus touchée. D'après une étude menée par Adobe, ces jeunes de 25-35 ans seraient plus susceptibles d’être insatisfaits de leur travail.
Ce mouvement n’a pas manqué de popularité sur les réseaux sociaux comme beaucoup se sont filmés lorsque justement ; ils démissionnent.
Sur Tik-tok les vidéos se succèdent et grimpent en nombre de vues.
Même des célébrités mondiales telles que Beyoncé ont soutenu cette tendance, avec son titre "Break My Soul" où elle encourage ses fans à "se libérer" de leur travail. La chanson est devenue rapidement l'hymne de la "grande démission".
Le mouvement a ainsi rapidement gagné en popularité sur les réseaux sociaux, se propageant comme une vague pandémique. Il a rapidement atteint de nombreux autres pays, entraînant une augmentation significative des taux de démission.
Un phénomène rapidement devenu mondial
La grande démission se répand rapidement à travers le monde, avec des taux de démissions significatifs dans plusieurs pays. En Australie, par exemple, plus d'un million de personnes ont quitté leur emploi pour signer de nouveaux contrats en seulement trois mois. L'Inde connaît également des démissions à grande échelle, en particulier dans le secteur de l'informatique, avec plus d'un million de démissions signalées. En Europe, bien que les taux de démission soient moins élevés, la tendance se fait ressentir, avec 6% de la population active démissionnant en France et 31% en Belgique. En Chine, un mouvement de protestation sociale appelé 'tang ping' ou 'couché à plat' se développe, rejetant les pressions sociétales dues à la surcharge de travail.
Ce mouvement remet également en question le statut de l'emploi.
Au-delà de la pandémie : la grande démission peut-elle mener à une réforme du monde du travail ?
Quand vous parlez aux directeurs des ressources humaines, ces derniers vous exposent souvent leur point de vue selon lequel, dans le passé, la recherche d'un contrat à durée indéterminée (CDI) était considérée comme l'objectif ultime pour les travailleurs. C'était ce que tout le monde espérait obtenir car cela apportait une certaine sécurité d'emploi. Cependant, selon les observations de ces professionnels, les nouvelles générations de travailleurs ont des préférences différentes. Ils ne sont plus nécessairement obsédés par l'idée de décrocher un CDI. Au contraire, ils sont plus enclins à chercher des contrats à durée déterminée (CDD) qui offrent une période définie et un certain montant de prime de fin de contrat à la clé.
Une étude menée en France montre que 85% des effectifs estiment que leur emploi a du sens, mais 43% se disent insatisfaits de leur travail.
Néanmoins il faut bien être d’accord que plusieurs causes d'insatisfaction sont les mêmes et regroupent les salariés de part le monde et que la pandémie du covid 19 était un événement déclencheur.
Ce sont plus généralement de meilleures conditions de travail qui sont recherchées: un meilleur salaire, un travail ou on est traité avec respect et une possibilité d’avancement.
Comment les entreprises peuvent-elles s'adapter à cette nouvelle réalité ?
En fin de compte, la grande démission peut être considérée comme un signal fort envoyé aux entreprises et à la société en général. En effet, les travailleurs ne sont plus prêts à accepter des conditions de travail qui ne leur conviennent pas, qu'il s'agisse de salaires insuffisants, de mauvaises conditions de travail, ou d'une absence de flexibilité en matière de travail à distance. Les travailleurs aspirent à un équilibre entre leur travail et leur vie personnelle, et sont prêts à changer d'emploi pour trouver des conditions de travail plus en adéquation avec leurs attentes.