La marchandisation du temps

Article 01/01/2022

Au commencement, les hommes avaient un rapport que l’on peut désigner de « naturel » avec le temps. Ils vivaient au rythme des saisons: le temps des récoltes, le temps pour la chasse et la pêche. Puis les communautés se sont développées constituant peu à peu des sociétés, le contexte social se modifie aussi et se créent des civilisations. L’homme va ainsi apprendre à mesurer le temps.

Faire face au temps a toujours été une des essentielles préoccupations des différents groupes sociaux et une des principales interrogations philosophiques de l’homme.

Vous connaissez sûrement la fameuse formule: « le temps, c'est de l'argent ».

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Lorsque Benjamin Franklin le père fondateur des États Unis d'Amérique écrit cette phrase en 1748, il crée pour la première fois un lien fondamental entre le temps et l'argent; qui apparaissent alors comme deux notions remplaçables.
Dans son livre ‘Advise to a young tradesman’, l’écrivain prodigue des conseils à un jeune artisan sur comment mieux gérer son temps.

De nos jours, l’adage selon lequel « le temps, c'est de l'argent » s'emploie avec ceux qui ont le pouvoir de transformer le temps en argent.

Pour les autres, placés plus bas dans l’échelle économique, il faut inverser la formule : « l'argent, c'est du temps ». Le temps de tenir un peu, de trouver une autre ressource, de rembourser une dette.

Aujourd'hui, il y’a deux catégories de personnes:

Soit on a du temps mais pas d’argent (on est étudiant, à la recherche d’un emploi) soit on a de l’argent mais pas de temps (on est entrepreneurs, social media manager, chirurgien).

À l'heure actuelle, avec la surcharge de travail, les journées remplies de huit heures de bureau, les courses à faire et les besognes de la vie quotidienne, le temps disponible des individus semble avoir donc largement diminué.

On travaille certes pour pouvoir s’acheter tout ce dont on a besoin et ce que l’on désire mais en réalité, « Nous n’achetons pas de produits. Nous n’avons pas de grosse machines qui coûtent cher. Nous ne vendons en fait que nos compétences et notre temps ».

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Échanger du temps contre de l’argent doit être la pire façon de gagner sa vie. De nos jours, tout le monde échange du temps contre de l’argent.

Même l’entrepreneur. La seule différence, c’est que les gens dans les entreprises fortunés échangent leur temps contre plus d’argent.

Mais un autre mode de vie est-il possible avec toute la charge financière à laquelle on fait face?

Imaginez une journée de seulement 5 heures et déjà finie à 13h! Pour certains c’est un fantasme devenu réalité.

Travailler 8 heures par jour est généralement la norme.

Pourtant, selon certaines études, notre capacité de concentration serait bien inférieure à cette durée. Forts de ce constat, certains dirigeants, notamment à l’étranger, ont fait le pari d’instaurer la journée de 5 heures dans leurs entreprises.

Selon Lasse Rheingans, CEO du cabinet de conseil Rheingans Digital Enabler et fervent défenseur de la journée de 5 heures, le principe s'appuie sur un temps de concentration minimisé pour une productivité plus accrue.

Mais compresser la journée de travail et ne garder que les heures où nous sommes les plus productifs comprend inévitablement de s’impliquer une totale discipline, pas toujours des plus agréables.

Notre journée de travail normale est hachée de pauses café, de réseaux sociaux sur son smartphones, chez les adeptes de la journée de 5 heures, toute déconcentration est interdite.

Dans cette envergure, minimiser les heures de travail et alléger les journées de boulot pour se faire plus de temps pour soi-même a réussi à créer pour certains un équilibre vie professionnelle /vie personnelle qui est de plus en plus apprécié.

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Dans une interview donnée à la Harvard Business Review, Steve Glaveski, accélérateur d’innovations australien et fondateur de Collaborative Campus a déclaré sa totale adhésion à la journée de travail de 5 heures: « En rendant l’environnement professionnel convenable à la concentration et en réduisant la durée quotidienne de travail, vous mettez en place non seulement les conditions d’une augmentation de la productivité et d’une amélioration des résultats, mais vous favorisez aussi la motivation de vos employés et diminuez leur niveau de stress. De plus, ceux-ci auront plus de temps à consacrer à toutes sortes de choses agréables en dehors du cadre professionnel : ce qu’on appelle la vie ».

Mais si le temps attribué à la vie personnelle prend le dessus sur la vie professionnelle, au point de ne plus trouver d’intérêt à celle-ci?

C’est ce qui explique peut être aussi le phénomène de “la grande démission” qui s’est largement répandu depuis la pandémie du Covid 19.

En effet, aujourd'hui les organisations du monde entier sont confrontées à ce que l’on appelle “la grande démission”. Les salariés qui étaient hésitants à quitter leur entreprise en raison de l’incertitude liée à la pandémie sont désormais plus confiants à l’idée de démissionner.

Qu'est ce que la ‘Grande démission’? Quels pays en ont été touchés?